Monday, August 28, 2017

La vie d`un enfant juif

En  octobre 1944, mes parents pensent qu`il est temps de me dire que je vais avoir un petit frère ou une petite soeur.  Bien sûr, j`avais vu que ma mère avait changé de silhouette.  Finalement ce sera une petite soeur qui naîtra en février 1945, soit exactement 9 mois après le débarquement. Cela était une réponse bien pacifique à ceux qui avaient voulu nous détruire.  C`était aussi une réparation à une tragédie qu`elle avait vécu en tant que femme croyante.  Deux ans plus tard, j`aurai une seconde petite soeur.   Mes parents se convertiront au catholicisme après la guerre, en signe de remerciement à notre survie.  Cette décision  leur créera un malentendu avec les 2 familles.

Pour les congés de Pâques, nous retournons à l`abbaye de Solesmes que vous fréquentions régulièrement  depuis 2 ou 3 ans.   Mon père avait une très belle voix et la première fois qu`il était venu c`était pour écouter le travail admirable que faisaient les Bénédictins pour la renaissance du chant grégorien.

Mais quelle ne fut pas notre surprise de trouver là, cachés, un nombre impressionnant de collabos, dont le vicaire général de la Légion des Volontaires Français qui avait béni la division Charlemagne des  SS français qui se battirent dans les ruines de Berlin, jusqu`à la fin,  pour défendre Hitler. Devant la stupeur de mon père, un Bénédictin lui dit :" mais Paul, on vous a bien reçu pendant l`occupation"! Heureusement, un autre Bénédictin intervint et dit : " Mais Paul, lui, n`avait tué personne."!  Je préciserai  qu`il était alsacien ; cela n`est pas anodin.  Sur un sujet aussi grave, l`Eglise catholique fut très loin de l`unité.


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